Guy Le Roux


Dessins réalisés par Guy Le Roux (tirés de son DEA, 1967)
Guy Le Roux en 2005
Plaque stridulatoire de Crematogaster scutellaris prise au MEB (Microscope Electronique à Balayage)

Guy Le Roux nous a quittés le 30 décembre 2012. Né en Bretagne en juin 1942, il a suivi ses études à l’université de Rennes et obtenu en juin 1967 un DEA d'Éthologie (maintenant Master 2 Recherche), intitulé "Contribution à l'étude des moyens d'intercommunication chez le Ouistiti à pinceaux (Hapale jacchus)". Il avait un coup de crayon remarquable, comme l'attestent les illustrations de son mémoire réalisées à la main.

A l'issue de son DEA, en septembre 1967, il a été nommé assistant à la toute nouvelle Faculté des Sciences qui se montait à Tours et a rejoint le laboratoire d'Éthologie du Professeur Henri Verron, en création aussi. De 1968 à 1970, il a participé activement au développement de la Faculté des Sciences, en réalisant les plans des nouveaux locaux "enseignement et recherche" du site de Grandmont (les préfabriqués, construits pour une durée limitée et dont certains existent toujours) et en assurant le suivi des travaux de construction durant les deux années du chantier.
Dans le même temps, Guy a entamé un grand tour de France des universités en compagnie d'Alain Lenoir, pour observer ce qui se faisait en matière d'enseignement de la psychophysiologie (on parlerait maintenant de neurosciences comportementales). A l'issue de ce périple, ils ont monté ensemble la filière d'enseignement de psychophysiologie sur le site de Grandmont.


Peu de temps après son arrivée au laboratoire d'Éthologie, Guy a été rejoint par celle qui allait devenir son épouse, Annie, qui l'a converti au monde des insectes, particulièrement celui des insectes sociaux. Il est impossible de parler du travail de Guy sans y associer Annie, tant ils travaillaient ensemble de manière fusionnelle.
Durant de nombreuses années, Guy et Annie ont tous deux été des piliers importants du Département de Psychophysiologie puis des Sciences du Comportement, travaillant ensemble dans le même bureau et œuvrant pour le développement de l'enseignement de l'éthologie et de la neurobiologie dans les filières de Biologie Animale et de Psychologie. Dans le même temps, leurs recherches ont porté sur les modes de communication mis en jeu chez les fourmis dans des contextes de prédation ou d'interactions agressives, notamment sur la communication acoustique. Guy a ainsi réalisé les premiers enregistrements sonores de stridulations d'alarme émises par les ouvrières de Myrmica en situation de stress. Guy et Annie ont aussi montré pour la première fois chez Myrmica rubra (M. laevinodis) que ce signal était utilisé de manière plus modulée par les ouvrières dans des situations non liées au stress, comme l'échange de nourriture. Ils ont étendu leurs recherches à d'autres modèles fourmis comme Cataglyphis cursor, Tapinomma erraticum ou Crematogaster scutellaris. Ils ont ainsi initié de nombreux étudiants à l’étude des fourmis en encadrant leur stage de maîtrise. Fin pédagogue, Guy avait l'art de leur transmettre son savoir. Certains sont aujourd'hui devenus enseignants-chercheurs, ou exercent une profession liée aux insectes.
Parallèlement à ses activités d'enseignement et de recherche, Guy a contribué durant toute sa carrière au bon fonctionnement de la Faculté des Sciences en mettant sa capacité de mémorisation et de calcul mental au service de la Commission des Finances durant de longues années et en assurant la responsabilité de la gestion des crédits enseignement du Département de Psychophysiologie. En 1988 il eut droit à un article dans la Nouvelle République.


En récompense de l'ensemble des services rendus à l'Université François Rabelais, Guy a été nommé Chevalier puis promu Officier dans l'Ordre des Palmes Académiques en 1990, sous la Présidence du maire de Tours actuel, Jean Germain.

A partir de 1998, une partie des activités d'Annie et Guy a été consacrée à la lutte contre les termites en Indre-et-Loire. En compagnie de Jean-Luc Mercier, ils ont mis en place une méthodologie d'évaluation et de cartographie à la parcelle cadastrale de l'infestation des communes d'Indre-et-Loire et initié la mise en place d'un réseau départemental de lutte contre les termites, en partenariat avec le Conseil Général 37, la préfecture d'Indre-et-Loire, la FDGDON37 (Fédération Départementale des Groupements de Défense contre les Organismes Nuisibles d'Indre-et-Loire) et les municipalités concernées. Ils ont ainsi réalisé la cartographie de l'infestation de 15 des 36 communes d'Indre-et-Loire actuellement touchées par les termites, parmi lesquelles on citera Joué-Lès-Tours, Tours, La Riche, St-Pierre-des-Corps, Ligré et Richelieu.


En 2000, Guy a épaulé le Professeur Jacques Huignard à l'IRBI (Institut de Recherche sur la Biologie de l'Insecte) pour l'élaboration de la maquette du DESS "Gestion, Contrôle et Conservation des Populations d’Insectes". Il était fier d'avoir participé à la mise en place d'une formation qui, après quelques évolutions, a permis durant 7 ans de rapprocher les étudiants et le monde du travail dans tous les domaines de l'entomologie, sous forme d'un Master Professionnel "Contrôle et Conservation des Populations d'Insectes" reconnu.
Guy est parti en retraite en 2003, quelques mois seulement après Annie. Mais tous deux n'ont pas perdu pour autant tout contact avec le monde des insectes. Ils ont alors mis leur savoir et leur savoir-faire au service des collectivités et de la lutte contre les termites, en poursuivant leur activité de conseil auprès des collectivités locales et territoriales, et en agissant comme experts membres du jury de certification des applicateurs reconnus par le FCBA (Institut Technologique Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement).


Fidèles à leurs convictions, ils ont mis leur carrière au service des étudiants et, comme le dit Annie, "ils ont pris bien du plaisir à exercer leur métier !"
Merci à eux !


Jean-Luc Mercier et Alain Lenoir
31 janvier 2013

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